Chef d’orchestre et pianiste argentin et israélien (né à Buenos Aires en 1942, il est reconnu pour son talent
d’instrumentiste aussi bien que pour ses qualités de direction. Très
présent sur la scène musicale internationale, multipliant concerts et
enregistrements, Daniel Barenboim est également admiré pour son
engagement en faveur de la paix au Proche-Orient, avec la création du
West-Eastern Divan Orchestra. En 2002, il reçoit la nationalité espagnole et, depuis janvier 2008, il est également porteur d'un passeport palestinien.
En 1952, il s'installe en Israël avec ses parents, juifs d'origine russe (leur nom est la forme yiddish de l'allemand Birnbaum « poirier »).
Très tôt, en Argentine d'abord, puis au cours de nombreux voyages, il a l'occasion de rencontrer Arthur Rubinstein, Wilhelm Furtwängler, et beaucoup d'autres grands interprètes. Il se perfectionne au piano avec Edwin Fischer et à la direction d'orchestre avec Igor Markevitch puis en 1955 avec Nadia Boulanger, dans la classe de qui, à Paris, il étudie la composition.
Au début des années 1960, il joue avec le vieux maître Otto Klemperer et enregistre avec lui ses premiers disques pour EMI : le 25e concerto de Mozart et l'intégrale des concertos de Beethoven. Puis il devient chef de l'English Chamber Orchestra en 1965 et enregistre, en dirigeant du piano, l'intégrale des concertos de Mozart, une somme que certains critiques considèrent aujourd'hui encore comme la plus belle jamais gravée. À cette période, Barenboim est un merveilleux mozartien, tant au piano qu'à la baguette, et il mêle à un élan juvénile une profondeur extraordinaire des mouvements lents sans doute en partie acquise à la fréquentation de Klemperer.
C'est la période heureuse, celle de son amour pour la violoncelliste britannique Jacqueline du Pré, avec qui il se marie en 1967. La période aussi où il pratique assidûment la musique de chambre avec elle et ses amis les violonistes Pinchas Zukerman et Itzhak Perlman ou Isaac Stern. De nombreux disques sont gravés, en particulier de Beethoven. Un DVD garde pour la postérité une interprétation exceptionnelle du quintette « La Truite » de Schubert avec le chef d'origine indienne Zubin Mehta à la contrebasse.
Leur bonheur est de courte durée : Jacqueline est atteinte de sclérose en plaques et doit arrêter sa carrière dès 1972. Elle meurt en 1987. Au cours des dernières années de la vie de Jacqueline du Pré, Daniel Barenboim est installé à Paris avec la pianiste Elena Bashkirova, avec qui il aura eu deux enfants, David et Michael.
La carrière de Barenboim semble marquée par une sorte de boulimie inextinguible de concerts, d'enregistrements et de projets. Il est chef de l'Orchestre de Paris, de 1975 à 1989, où il crée un Chœur symphonique. Après un passage éclair comme directeur artistique et musical au tout nouvel Opéra Bastille, où Pierre Bergé le limoge six mois avant le démarrage du nouvel opéra, il part aux États-Unis diriger l'Orchestre symphonique de Chicago, tout en menant une carrière de chef à Berlin, à la tête du Staatsoper.
En juillet 2001, pour la première fois, Barenboim parvient à diriger en Israël de la musique de Richard Wagner (on sait que ce compositeur allemand du XIXe siècle était le musicien préféré d'Adolf Hitler). En Israël, l'opposition avait été grande mais Barenboim gagne la partie : il considère que Wagner n'appartient pas aux nazis et que la musique doit l'emporter sur la politique. Pour cette dernière raison, il a, par ailleurs, créé un orchestre mêlant jeunes israéliens et jeunes palestiniens.
En mai 2006, il est nommé principal chef invité de la Scala de Milan.
En 2007, il reçoit la médaille d'or du mérite des beaux-arts par le ministère de l'Éducation, de la Culture et des Sports.
Il a également créé en collaboration avec Edward Saïd une fondation visant à promouvoir la paix au Proche-Orient par la musique classique, initiative lui ayant attiré de violentes critiques en Israël. Ceci s'est concrétisé en un atelier musical et un orchestre israélo-arabe : l'Orchestre Divan occidental-oriental.
Doté d'un grand charisme, d'un contact ouvert et chaleureux, il s'est également consacré à l'enseignement, faisant bénéficier de ses conseils de jeunes talents devenus depuis des têtes d'affiche, tels Hélène Grimaud, Lang Lang… dans des classes de maître dont certaines, filmées et régulièrement diffusées par les chaînes musicales, sont des modèles du genre.
En 2006, il est lauréat du prestigieux Prix Ernst-von-Siemens, considéré comme le « Nobel de la musique ».
Son répertoire immense s'étend de Bach à la musique contemporaine dont il est un ardent défenseur. Ainsi a-t-il créé de nombreuses œuvres de Pierre Boulez ou d'Henri Dutilleux, par exemple. Il est aussi un grand chef d'opéra, notamment à Bayreuth.
Excellent accompagnateur de lieder, il a donné des concerts et enregistré de nombreux disques avec notamment Dietrich Fischer-Dieskau.
En mars 2007, il est élevé au rang de Commandeur de la Légion d'honneur par Jacques Chirac qui a souligné son engagement pour la paix au Proche-Orient.
En 2007, il est nommé « Messager de la paix » des Nations unies.
Il a été choisi pour diriger le célèbre Concert du nouvel an à Vienne en 2009, puis à nouveau en 2014.
Dans les années 2000, il interprète de nouveau en concert l'intégrale des trente-deux sonates pour piano de Beethoven, choisissant chaque année une grande capitale (Buenos Aires, New York, Vienne, Berlin, Milan, Londres). Entre 2009 et 2011, et alors qu'il est célébré depuis plus de cinquante ans comme interprète des concertos de Mozart et de Beethoven, il joue comme pianiste, lors de grandes tournées, les deux concertos pour piano et orchestre de Chopin et de Liszt.
L'astéroïde (7163) Barenboim a été ainsi nommé en son honneur.
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