"Pianiste et chanteur, Fats Domino ne fut jamais le plus sauvage
des pionniers du rock, mais il a immortalisé quelques tubes aussi doux
qu'un printemps à La Nouvelle-Orléans.
En août 2005, son piano à queue Steinway noir avait été
salement amoché par l’ouragan Katrina. Puis exposé tel quel, cassé, sale
et couché sur le flanc tel un orque échoué, au Musée de l’Etat de
Louisiane. Le sort réservé à ce piano que Fats Domino avait acheté une
trentaine d’années plus tôt fut celui d’une relique. Et c’est dire ce
que le musicien pouvait représenter pour la musique de la
Nouvelle-Orléans, et bien au-delà. Selon certains : rien de moins que
l’inventeur du rock’n’roll, dont il avait au moins allumé la mèche (ou
l’une des mèches) en sortant dès 1949 (soit une poignée d’années avant
la naissance officielle du rock) la chanson The Fat Man, un morceau de rhythm’n’blues vendu à l’époque à un million d’exemplaires.The Fat Man était une adaptation délurée et glougloutante d’une autre chanson, Junker’s Blues, enregistrée en 1941 par un autre pianiste de la Nouvelle-Orléans, Champion Jack Dupree. Mais son plus grand tube, celui qui se doit de figurer sur toutes les compiles de oldies qui se respectent, c’est Blueberry Hill, sorti cette fois-ci en plein ouragan rock’n’roll : 1956. Blueberry Hill fut repris dès l’année suivante par Elvis Presley, grand fan de Fats Domino. Et elle fut même chantée en 2010 par Vladimir Poutine lors d’un gala de charité. C’est dire.
Mais Louis Armstrong avait enregistré sa version de Blueberry Hill dès 1949. En somme, Fats Domino n’a certainement pas inventé le rock’n’roll. Mais il fut un des premiers à le rendre populaire. Dans la catégorie pianiste, Professor Longhair, Little Richard ou Jerry Lee Lewis furent beaucoup plus fantasques, voire sauvages, que Fats Domino. Pianiste assez classique, homme réputé timide, Fats Domino a incarné le versant romantique, tendre et souriant du rock’n’roll, comme un le souvenir d’un premier amour. Ou, dès le départ, sa nostalgie.
Fats Domino a réussi à vendre plus de 100 millions d’albums dans sa longue vie, en ayant finalement assez peu enregistré – après les années 60, la plupart de ses disques sont des enregistrements de concerts. Il avait donné son dernier mini concert en 2007, dans un club de la Nouvelle-Orléans. Né le 26 février 1928 à la Nouvelle-Orléans (cinq jours après Mardi-Gras), Fats Domino est mort dans son sommeil, dans la nuit du 23 au 24 octobre, à la Nouvelle-Orléans."
L’héritage artistique de Fats Domino
On peut attribuer à Fats d’avoir donné un style et un son particuliers à la musique rock, dite révolutionnaire à l’époque, même s'il y avait peu de paroles choquantes ou scandaleuses. Pour Fats, ses chansons n’étaient pas révolutionnaires et ne faisaient qu’amplifier ses racines et ses traditions afro-américaines d’origine créole et catholique, mais elles étaient nouvelles pour la majorité de la population américaine. C’était plutôt une menace au statu quo des blancs dans la musique.Il est reconnu pour son r&b sensuel d’origine créole que les musiciens et musicologues identifient souvent comme du « boogie-woogie ». Ce qui le distingue des autres musiciens, même ceux qui ont repris ses chansons, c’est son rythme original et unique (qu’il appelait le « Big Beat ») et sa voix enrouée. Ce « Big Beat » est vite devenu synonyme de l’expression rock'n'roll permettant facilement aux spectateurs de danser au rythme de ses chansons. Son rythme syncopé fut la racine du ska jamaïcain, précurseur du reggae. Ses notes triolets, au piano, sont utilisées dans tous les genres de musiques populaires.
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