Une scène très romanesque s'est déroulée sur la scène du concours international de piano Lang Lang Shenzhen Futian : le jeune pianiste australien Shuan Hern Lee a joué la Toccata de Prokofiev sous les huées du public et devant un jury furieux.
L'univers des concours
instrumentaux est rarement clément. Les destins d'artistes peuvent se
faire et se défaire au son de la clochette d'un président de jury. Une
fausse note, un claquement de porte... dans un tel moment de
concentration, point d'orgue d'intenses mois de travail, il n'est pas
étonnant que d'amères tensions éclatent entre les artistes qui jouent et
les artistes qui jugent. C'était le sujet du film La Tourneuse de Pages en 2006, et la scène qui s'est déroulée cette semaine, dans la région de Hong Kong, aurait pu y figurer.
Le Concours International Lang Lang Shenzhen Futian impose d'ordinaire à ses candidats trois morceaux mais cette année, ce sont 10 artistes qui ont été retenus au lieu des 6 prévus. Pour des raisons d'emploi du temps, l’institution a choisi de sacrifier une partie du programme, et ne plus conserver que deux oeuvres : une pièce d'un compositeur chinois et un concerto.
Tout le monde a décidé de jouer le jeu, sauf un pianiste : Shuan Hern Lee, candidat australien déjà rompu au circuit des concours internationaux et qui bénéficiait de l'oreille favorable d'Antonio Pompa-Baldi, membre du jury, dont le témoignage a été publié par le site Slippedisc.com. « Il a écrit en des termes belliqueux qu'il n'avait pas l'intention de se plier à cette nouvelle restriction. Il a préparé trois pièces, il jouera trois pièces. »
Voici le récit publié par slippeddisc : « quand ce fut à son tour de jouer, il a commencé par la pièce chinoise. Puis, au lieu de jouer le troisième concerto de Rachmaninov, il a commencé la Toccata de Prokofiev. Nous étions très surpris. Le directeur, avec l'approbation du jury, a sonné sa clochette. Shuan Hern ne s'est pas arrêté. La cloche a continué mais il a décidé de l'ignorer. Le Président du jury a alors pris le micro pour lui ordonner de s'arrêter et de jouer le concerto. Il a continué à jouer. C'est à ce moment que le public a décidé de se joindre au jury. [...] Ils se sont mis à battre des mains et à crier, mais Shuan Hern a continué. [...] Il s'était clairement donné pour mission de montrer qu'il menait le jeu, qu'il était en charge. Je n'avais jamais vu quelque chose comme cela. C'était surréaliste. »
Le pianiste a bien évidemment été disqualifié.
Shuan Hern Lee a lu le témoignage d'Antonio Pompa-Baldi sur Slippedisc.com et a décidé de lui répondre par le même biais : « Cher maestro, ce n'est qu'en lisant votre article que je me suis réellement rendu compte de ce qu'il s'est passé à Shenzhen. »
Il détaille ensuite le travail que représente la participation à un concours international.
« Je n'ai décidé de participer à ce concours que parce que je crois en la réputation professionnelle que vous avez. C'est pour cela que j'attendais un meilleur niveau de justice de la part de ce concours. [...] Vous devez me croire arrogant d'agir ainsi de la sorte. Je suis désolé de vous avoir offensé ainsi que les autres membres du jury. Mais vous devez comprendre que tout aurait pu être évité si le comité avait agi avec plus de transparence.
Je ne cautionne pas l'idée de changements de règles à la dernière minute. La majorité des candidats étudient ces règles très précisément avant de choisir les concours auxquels ils participent. Ces candidats travaillent durant des mois et des années pour pouvoir ne participer qu'à une poignée de concours. Changer les règles à la dernière minute bouleverse les tactiques et les stratégies des candidats. Mais ce qui me gêne n'est pas le changement des règles mais le manque de transparence derrière ce geste. »
Le Concours n'a pas encore donné de réponse officielle. L'événement crée néanmoins un important précédent dans le monde musical.
Le Concours International Lang Lang Shenzhen Futian impose d'ordinaire à ses candidats trois morceaux mais cette année, ce sont 10 artistes qui ont été retenus au lieu des 6 prévus. Pour des raisons d'emploi du temps, l’institution a choisi de sacrifier une partie du programme, et ne plus conserver que deux oeuvres : une pièce d'un compositeur chinois et un concerto.
Tout le monde a décidé de jouer le jeu, sauf un pianiste : Shuan Hern Lee, candidat australien déjà rompu au circuit des concours internationaux et qui bénéficiait de l'oreille favorable d'Antonio Pompa-Baldi, membre du jury, dont le témoignage a été publié par le site Slippedisc.com. « Il a écrit en des termes belliqueux qu'il n'avait pas l'intention de se plier à cette nouvelle restriction. Il a préparé trois pièces, il jouera trois pièces. »
Voici le récit publié par slippeddisc : « quand ce fut à son tour de jouer, il a commencé par la pièce chinoise. Puis, au lieu de jouer le troisième concerto de Rachmaninov, il a commencé la Toccata de Prokofiev. Nous étions très surpris. Le directeur, avec l'approbation du jury, a sonné sa clochette. Shuan Hern ne s'est pas arrêté. La cloche a continué mais il a décidé de l'ignorer. Le Président du jury a alors pris le micro pour lui ordonner de s'arrêter et de jouer le concerto. Il a continué à jouer. C'est à ce moment que le public a décidé de se joindre au jury. [...] Ils se sont mis à battre des mains et à crier, mais Shuan Hern a continué. [...] Il s'était clairement donné pour mission de montrer qu'il menait le jeu, qu'il était en charge. Je n'avais jamais vu quelque chose comme cela. C'était surréaliste. »
Le pianiste a bien évidemment été disqualifié.
Shuan Hern Lee a lu le témoignage d'Antonio Pompa-Baldi sur Slippedisc.com et a décidé de lui répondre par le même biais : « Cher maestro, ce n'est qu'en lisant votre article que je me suis réellement rendu compte de ce qu'il s'est passé à Shenzhen. »
Il détaille ensuite le travail que représente la participation à un concours international.
« Je n'ai décidé de participer à ce concours que parce que je crois en la réputation professionnelle que vous avez. C'est pour cela que j'attendais un meilleur niveau de justice de la part de ce concours. [...] Vous devez me croire arrogant d'agir ainsi de la sorte. Je suis désolé de vous avoir offensé ainsi que les autres membres du jury. Mais vous devez comprendre que tout aurait pu être évité si le comité avait agi avec plus de transparence.
Je ne cautionne pas l'idée de changements de règles à la dernière minute. La majorité des candidats étudient ces règles très précisément avant de choisir les concours auxquels ils participent. Ces candidats travaillent durant des mois et des années pour pouvoir ne participer qu'à une poignée de concours. Changer les règles à la dernière minute bouleverse les tactiques et les stratégies des candidats. Mais ce qui me gêne n'est pas le changement des règles mais le manque de transparence derrière ce geste. »
Le Concours n'a pas encore donné de réponse officielle. L'événement crée néanmoins un important précédent dans le monde musical.
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