L'Offrande musicale est aujourd'hui considérée comme une des plus grandes œuvres de Johann Sebastian Bach, au même titre que L'Art de la fugue et que les Variations Goldberg (œuvres composées dans la même période, sur un même principe esthétique).
Les nombreux écrits qui relatent la naissance de cette œuvre diffèrent en quelques points sur les circonstances de sa création, mais des idées communes ressurgissent fréquemment.
Le roi Frédéric II de Prusse était un passionné de musique, bon flûtiste et compositeur amateur bien doué. Il avait développé ce talent en cachette de son père le roi Frédéric-Guillaume Ier de Prusse, qui dès son avènement avait licencié de sa cour les artistes.
Le , le roi reçoit Jean-Sébastien Bach qui était venu voir son fils Carl Philipp Emanuel (kapellmeister à la cour du souverain). Frédéric II lui fait essayer ses nombreux instruments à claviers ; clavecins, et les nouveaux piano-fortes Silbermann, que le roi possède en une quinzaine d'exemplaires. Au cours de la soirée, Johann Sebastian Bach demande au roi de lui soumettre un thème joué à la flûte et lui propose d'improviser et développer un discours musical à partir de ce thème. La légende raconte que Johann Sebastian Bach improvise alors longuement des variations, et s'excuse de ne pouvoir plus élaborer sur ce sujet si difficile après avoir interprété le célèbre Ricercare à 6 voix. Cependant, d'autres témoignages montrent qu'après avoir improvisé une fugue à trois voix, Bach s'excuse de ne pouvoir satisfaire au souhait du roi d'improviser à 6 voix ; le Ricercare sera composé ultérieurement par écrit et, de retour chez lui, Bach se remet au travail en écrivant tout ce qu'il avait improvisé, tout en enrichissant le contenu qu'il fait parvenir au roi le 7 juillet sous le titre de l’Offrande musicale. Sur la page précédant la partition se trouve l'inscription « Regis Iussu Cantio Et Reliqua Canonica Arte Resoluta » — « À la Demande du Roi, le Chant et le Reste Résolus selon l'Art Canonique ».
Une trentaine d'années plus tard, le Baron Gottfried van Swieten a une entrevue avec le roi Frédéric qu'il relate de la façon suivante :
« Il [Frédéric] me parla, entre autres sujets de la musique et d'un grand organiste du nom de Bach, qui avait passé quelque temps à Berlin. Cet artiste [Wilhelm Friedeman] surpasse, en matière de profondeur de la connaissance de l'harmonie et de puissance d'exécution, tous ceux que j'ai pu entendre ou que je puis imaginer, bien que ceux qui ont connu son père prétendent qu'il était encore plus grand. C'est l'avis du roi, et pour preuve il m'a chanté le thème d'une fugue chromatique qu'il avait suggéré au vieux Bach qui, immédiatement, en avait fait une fugue à quatre voix, pour en faire ensuite une fugue à cinq, puis à huit voix »
— Gottfried van Swieten
L'ensemble de ces pièces est très riche au niveau du contrepoint ; Bach développe ici des canons (de deux à huit voix), des ricercares, des fugues canoniques et une sonate en trio.
Certaines pièces sont écrites pour clavecin seul, et d'autres sur
plusieurs portées (ensemble instrumental). Ainsi, le manuscrit du
ricercare à 6 voix est écrit sur 6 portées, chacune ayant sa clef
correspondante, mais la partition ne précise pas la nature de
l'instrument qui doit exécuter la ligne mélodique (ce type d'écriture
est également présent dans l'Art de la fugue, où les quatre voix ne sont
pas précisées). Ceci traduit le fait que Bach concevait la musique
autant comme un jeu d'écriture qu’un jeu instrumental.
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